LI GUANG HAI ! ce nom vous est connu. Il s’agit de notre correspondant CITS (China International Travel Service) qui, de son bureau de Chengdu, (capitale du Si Chouan) organise, de manière remarquable, notre voyage.
LI GUANG HAI. Li est le nom de famille, Guang Hai disons, bien que ce ne soit pas strictement exact, le prénom. Le nom patronymique – LI- est des plus courants. Les noms de famille sont d’un nombre extrêmement réduit puisque l’on considère que dans ce pays de plus d’un milliard trois cents millions d’habitants où l’ethnie dite « han » représente 92% de la population, 87% de cette majorité ethnique utilise seulement une centaine de noms. Les plus connus étant LI, WANG, CHOU (ZHOU), DENG, LIU, CHEN, ZHANG….. Si le nom patronymique se transmet héréditairement la fixation des « noms personnels » (ceux qui différencient les personnes au sein du clan ou de la famille) n’est assortie d’aucune règle. Les parents décident comment appeler leur enfant: les parents de LI ont décidé de le « prénommer » GUANG HAI qui peut, il faudrait pour cela voir la graphie chinoise signifier: guang= vaste, large, grand ( voir « Guang » Zhou c.à.d. CANTON) et haï peut signifier « la mer » (comme SHANG « HAI »: au dessus- shang- de la mer -haï). Ceux d’entre vous qui ont lu un extraordinaire roman chinois Brothers de Yu Hua se souviennent que le héros se nomme LI GUANG TOU c.à.d. LI « la tête chauve » (guang tou).
Le nom personnel dépend donc de la décision des parents: Mr. MAO a voulu que son fils se prénomme Zi Dong « la bienfaisance de l’Est » ce qui était prémonitoire.
Notre fils Pascal né à Pékin s’appelle LU transcription phonétique de Lou(is) et se « prénomme » fu hua »: « fu » pour indiquer l’idée de reprise de la végétation (pâques) et « hua » qui peut désigner soit les fleurs soit la Chine. En général on choisit pour les filles des noms poétiques. Sont donc exclus les noms tels que « cornes de rhinocéros», « mufle de bison » ou « écaille de mangouste ». Les noms chinois se composent en général de 3 syllabes (li- guang-hai), mais il peut exister des noms avec seulement deux syllabes. Les noms personnels peuvent présenter des homophonies; c’est ainsi que dans le nom DENG XIAO PIN , xiao pin est homophone de « petite bouteille » (xiao pin); ainsi les étudiants de Pékin pour rappeler le massacre de la place Tian An Men en 1989, cassaient des bouteilles sur le campus ce qui signifie qu’ils souhaitaient « casser, détruire » (po) deng xiao pin. Parmi les patronymes courants on trouve des MA qui présentent la particularité d’être, le plus souvent des Hans musulmans. Le nom de certains personnages historiques nous a été transmis dans la prononciation dialectale de leur région d’origine alors que la transcription en mandarin standard donne un nom qui se prononce différemment. Un exemple célèbre est Chiang Kai Shek (qui est je crois, sous toutes réserves, une transcription en dialecte de Shanghai) alors que son nom prononcé en chinois standard est Jiang Jieshi (à moins que Chang Kai shek ne soit un premier nom et Jiang Jieshi un second plus tardif)
Tout ce qui vient d’être dit s’applique à l’ethnie han. Pour les autres ethnies ou pour la transcription des noms étrangers, les chinois procèdent de manière phonétique. C’est ainsi que pour dire MEDINA on recherchera 3 caractères dont le son reproduira le nom étranger (mé di na) et le choix s’accompagnera du souci que la transcription en caractères ne donne pas un sens ridicule, car ceux qui alors le liraient seraient pliés de rire comme si on leur racontait l’histoire drôle bien connue « Kiev- St Jacques de Compostelle ». Certains demandent comment sont composés les noms japonais ou coréens, la réponse est non.
Cette manière de définir des noms individuels dont on pourra changer par exemple dans la société traditionnelle à l’adolescence, est très différente de ce que nous connaissons sous nos latitudes et même plus vers le haut. Les noms occidentaux sont composés à partir du lieu où on habite, exemple: ETXETO qui signifie la petite maison parce que l’ancêtre détenteur habitait une maison qui était toute toute petite, ou à partir du métier par exemple BOUTTEFIGUE parce qu’il triait les figues à Lille ou d’une fonction sociale par exemple HORTEFUEGO qui est, dans la crèche provençale, le nom du santon qui porte le feu (porte ou horte; feu ou fuego) avec lequel on va griller la couenne du cochon.
Cette différence dans la manière de composer les noms patronymiques et les prénoms nous font toucher du doigt cette constatation que les chinois, outre d’être plus nombreux que nous, ne réagissent pas comme nous. André Jullien écrit des livres et donne des conférences à ce sujet (300€ l’entrée) et vous vous avez eu l’info pour pas cher.
Enfin, car je ne veux point abuser. Le plus célèbre des romans chinois, et selon moi un des plus grands romans de la littérature mondiale (à l’instar des œuvres de Marc Lévy) est le Rêve dans le pavillon rouge. Edité à la pléiade il est actuellement épuisé, ce qui vous dispense de le lire. Cet extraordinaire roman de la chute d’une riche famille princière sous la dynastie des Qing (1622-1911) comprend environ 700 personnages et la lecture de leurs noms patronymiques (15 pages dans l’édition de la Pléiade et en tout petits caractères en plus) est un régal.
Que puis-je vous souhaiter de mieux ? Maintenant que vous ne savez pas pourquoi les parents de LI GUANG HAI ont choisi de l’appeler ainsi.
Et je signe donc de mon nom chinois retranscrit en pin yin (phonétique)
LU (vous retrouvez le son « lou » de « louis ») signifie « le continent », FANG JI est la transcription traditionnellement admise de « François ou Francis » ‘(sans doute depuis l’arrivée des jésuites en Chine au XVIème siècle). La prochaine fois je vous ne le chanterai pas comme dit Ph. Meyer, je vous l’écrirai.