LUNE ASCENDANTE sous la plume des poètes chinois – volet 3

24 mars 2010 par Daniel

Avec cette troisième triade, nous terminons cette « balade en lune »

Remarque : les quelques mots de présentation de chaque poète sont tirés de l’ouvrage de François Cheng.

Li YüLI YU

Li Yü (937-978) fut le dernier empereur de la dynastie des Tang du Sud (dont le royaume avait Nankin pour capitale). Après la conquête du général Chao K’uang-yin qui fonda la dynastie des Sung, il fut exilé au nord.

Faisant appel au tz’u (poésie chantée), alors pratiqué par les courtisanes qu’il fréquenta assidûment, il contribua à faire évoluer le tz’u qui devint le genre majeur sous les Sung).

Sur l’air de « Hsiang-Chien-Huan »

Muet

       monter seul

           le pavillon d’ouest

La lune – crochet d’argent -

Bouclant le clair automne

Dans la cour profonde

                  aux platanes solitaires

 

Démêler du doigt, peine perdue

Un coup de ciseaux, peine perdue

              Inextricable écheveau des nostalgies !

A la pointe du cœur

                       ce goût

                            toujours autre

inaccoutumable

Hua YenSur l’air de « Ch’ang-Hsiang-ssu »

Simple rangée de montagnes

Double rangée de montagnes

Montagnes lointaines ciel estompé

             fraîcheur des eaux brumeuses

Ce cœur où saignent les feuilles de sycomore…

 

Ouvertes les fleurs d’or

Fermées les fleurs d’or

Oies sauvages haut envolées

               à quand le retour de l’homme ?

Tout un rideau de vent et de lune en loisir

Sur l’air de « I-Chiang-Nan »

Songe lointain

               pays du Sud au clair automne

Frémissants de crépuscule

                monts et fleuves sans fin

Un chant de flûte dans le pavillon de lune

Au profond des roseaux

                                   une barque

Li Ch’ing-chao

clair de lune sous la falaiseSon nom, « Pure clarté » est à l’image de cette poétesse (1084 ? -1141 ?) que tout Chinois sensible porte dans son cœur.

Sur l’air de « I-Chien-mei »

Le parfum des lotus faiblit

               déjà la natte sent la fraîcheur d’automne

Ma robe de soie légèrement dégrafée

               je monte sur la barque d’orchidée

De quel nuage attendre un message ?

                Au passage d’oies sauvages

Seule la lune inonde le pavillon d’Ouest

 

Les fleurs s’éparpillent

               au gré du vent au gré de l’eau

Une même pensée partagée

Deux tristesses séparées

                         et cet ennui

A peine chassé des sourcils

Le revoici à la pointe du cœur

Sur l’air de « Su-chung-ch’ing »

Après le vin nocturne

La main est lente à ôter les peignes

                  Quelques fleurs de prunus éparses dans les cheveux.

 

lune sur la neigeIvresse passée sommeil brisé

Le rêve printanier ne s’accomplira pas

Silencieuse et seule seule s’approche la lune

Le long rideau tombe au sol

Des pétales de prunus dans la main

                           entre les doigts

Encore un peu de caresse

           encore un peu de parfum

                encore un instant gagné

Sur l’air de « Wan-ch’i-sha »

Faiblesse après la maladie, cheveux ornés de givre.

Un reste de lune éclaire mon lit par la croisée…

Tisane de noix muscades bouillies avec leurs tiges

              non moins savoureuse que le thé.

 

Lecture de poésie sur l’oreiller, délice inespéré.

Dehors le paysage se rafraîchit sous l’averse.

Tout le long du jour, seule présence amie :

secret parfum de cannelier.shitao_paysage5

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