Batiks Miao (suite)

12 octobre 2009 par Jean Pierre

LA TECHNIQUE du BATIK :

 Les spécialistes vous diront que les tentures murales présentées dans ce blog, ne sont pas des batiks, parce qu’ils ne répondent pas à la technique du batik. C’est vrai, et pourtant, dans le langage commun on les appelle quand même batiks. Car si le batik est une technique bien particulière de teinture sur réserve à la cire, il existe d’autres techniques sur réserve à la cire, chacune étant désignée par un terme approprié. Nous allons décrire celle utilisée pour la fabrication des tentures, aussi appelée technique du couteau à la cire ou « ladao » par les spécialistes:

 Alors, comment ça marche ?

 Préparation du motif : 

  •  prenez une étoffe en tissu naturel, du coton blanc écru fera très bien l’affaire.
  •  esquissez le motif sur l’étoffe. Les Miao aiment bien les  papillons, les oiseaux, les fleurs, les poissons, les dragons et pleins d’autres petites bêtes. Mais, vous n’êtes pas obligé de copier et pouvez choisir autre chose, voir même, si vous êtes pressés, sauter l’étape et passer directement à l’étape suivante.
  •  enduire le motif réalisé, de cire d’abeille fondue, à l’aide d’un stylet en bambou, appelé aussi couteau à cire ou « ladao » (par extension, on a donné ce nom au procédé).

 Préparation de la teinture:

  •  vous procurer des feuilles d’indigotier de la variété Indigofera pseudo-tinctoria Matsum et faites les macérer dans une bassine d’eau.
  •  laissez fermenter le mélange jusqu’à ce que l’oxydation du glycocide contenu dans la feuille produise un bleu profond et durable, celui du fameux bleu indigo.
  •  filtrez les feuilles dans un chinois (nous recommandons « Han », une marque qui a fait ses preuves), avant de procéder à la teinture :

 Teinture :

  • Trempez l’étoffe de coton blanc écru, portant les motifs enduits de cire, dans le bain du fameux bleu indigo que vous avez obtenu par fermentation des feuilles d’indigotier. Par la magie des couleurs, dont seul un authentique Miao connaît le secret,  l’étoffe de coton blanc écru prend la teinte du fameux bleu indigo, à l’exception des motifs enduits de cire qui restent imperméables à la teinte.

 Révélation du motif :

  •  Prenez l’étoffe teintée avec ses motifs enduits de cire et tremper la dans un bain d’eau bouillante. Savez-vous alors ce qu’il advient ? La cire, allergique au sauna, se liquéfie à la chaleur et restitue le coton blanc écru qui, tout nu, détache la blancheur de ses motifs sur le fond bleu de l’étoffe.
  •  Bien rincer l’étoffe à l’eau claire, l’étendre sur un fil, de préférence à l’air, dans le jardin, et la laisser sécher avant de l’apposer au mur de votre salle à manger.

 Magique, non ?

TENTURE MURALE N°2:

Batik2Pièce composée de deux bandes de tissu aux couleurs vives, encore bien conservées. Le décor, distribué symétriquement de part et d’autre de la ligne horizontale, matérialisée par la couture de raccordement des deux bandes, est composé d’oiseaux imaginaires, de fleurs et de papillons aux corps de poisson. Remarquez que chaque oiseau tourne son regard vers l’extérieur de la tenture et ne présente qu’une seule patte, tournée vers l’intérieur.

Détails :

Détail de l’oiseau (partie supérieure du batik)

Détail de l’oiseau (partie supérieure du batik)

Les fines lignes bleues perceptibles dans le blanc du décor, proviennent des fines craquelures de la cire au séchage, devenues alors perméables à la teinte. Ces craquelures sont reconnues comme une caractéristique particulière de la teinture sur réserve à la cire. 
Détail du papillon au corps de poisson, avec un bébé poisson (partie inférieure du batik)

Détail du papillon au corps de poisson, avec un bébé poisson (partie inférieure du batik)

Les commentaires relevés lors de l’exposition Chinagora  de 1994/1995, nous révèlent que :
« Les Miao vénèrent l’oiseau, le poisson, le papillon et le bœuf. Le papillon parce qu’ils le considèrent comme créateur de leur race, l’oiseau parce qu’il symbolise le ciel et le soleil, le poisson parce qu’il incarne la terre et l’eau, le bœuf parce que Chiyou (*), que les Miao considère comme leur chef, est un personnage mythique représenté par un homme à tête de bœuf. »

 (*) Selon Wikipedia : Chiyou est revendiqué comme ancêtre par plusieurs ethnies non Hans, en particulier les Hmongs (Miaos) (1) chez qui il existe plusieurs légendes le concernant.

 (1) Francis, qui est tout à fait capable de nous parler des Hakkas pendant des heures, a peut-être quelque chose à nous dire sur les Hmongs appelés aussi Miaos ou sur les Miaos appelés aussi Hmongs ?

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