Ce que vous pouvez encore ignorer et ce que vous pouvez vous dispenser de savoir doit être au moins égal (en somme) à ce vous n’ignorez plus ou avez appris récemment concernant la Chine

20 novembre 2009 par Francis

Ton emphatique et professoral : « hum hum ! Il est dit dans le Dao De jing Dao de Jingou le Traité de la Voie, en son Livre XI,

« Trente rayons convergent au moyeu, mais c’est le vide médian qui confère à la voiture sa fonction……Une maison est percée de portes et de fenêtres, c’est encore le vide qui permet l’usage de la maison….Ainsi ‘ ce qui est ‘ constitue la possibilité de toutes choses; ‘ce qui n’est pas’ constitue sa fonction ».

Nous comprenons donc, selon la philosophie taoïste, que le vide est plus important que le plein. Merci de ne pas m’inviter au restaurant car j’aurai peur que nous alignions en début du repas sur la table,  des bouteilles vides.

Notre propos du jour est de donner raison à ce principe taoïste en l’appliquant aux deux réalités du savoir et de l’ignorance en ce qui concerne notre prochain voyage en Chine. Il faut donc que nous ayons une base solide de savoirs qui ne nous serviront à rien et d’inculture qui nous sera de la plus grande utilité. Les guides touristiques alignent d’ordinaire des chapitres sur ce que vous devez savoir sur l’histoire, la culture et l’art culinaire chinois. Nous tordrons le coup à ces idées reçues.

Ainsi: plutôt que d’apprendre à vous servir des baguettes, munissez vous dans votre sac d’un nécessaire fourchette+couteau+ cuiller (vieux campeur.com: 2,56€ hors frais de port)  vieux campeurAinsi:  au lieu de vous essayer au mandarin, révisez votre espagnol: il y aura bien dans le groupe de touristes de la table à côté un espagnol qui parle un mandarin correct.

Maintenant que le principe est fixé, envisageons l’ensemble de l’ignorance que nous devons acquérir

confucius

Confucius

Sur la philosophie chinoise : que l’existence de Confucius

n’est pas prouvée et d’ailleurs, qu’avec un tel nom, c’est sans doute un personnage d’Astérix.

adour

l'Adour

Sur la géographie : que les capitales portent en chinois des noms de points cardinaux suivis de « jing » et que l’on a ainsi « la capitale du nord » (Bei Jing) « la capitale du sud ( »Nan Jing ») la capitale de l’Est ( »Dong Jing appelée souvent To-Kyo) et que c’est vraiment de la confusion la plus totale puisque les chinois mettent une de leurs capitales dans un pays étranger et qu’il leur manque une « capitale de l’Ouest » qu’ils ont perdue au jeu. Et sur la géographie aussi, nous avons cette erreur grossière qui devrait attirer notre attention, que les fleuves de Chine se jettent à l’est alors qu’il est bien connu que les rivières, et fleuves se jettent à l’ouest (ex. La Seine, la Loire, l’Adour

Bénodet

port de Benodet

la Garonne) et que si le Rhône se jette au Sud c’est parce qu’il vient de la Suisse et qu’avec ceux-là tout devient possible. Autre particularité géographique à oublier que les chinois distinguent 5 points cardinaux (le nord, le sud, l’est, l’ouest et le centre) et que quand j’ai parlé de ça à my coach qui est un navigateur historique ça l’a fait rire autant que l’histoire bien connue  » Stravenger- Fatima », il a même ajouté qu’avec une telle organisation des points cardinaux on n’est pas près de naviguer son bateau au port de Bénodet.

Zhu Di dynastie MING

Ming

Sur l’histoire : que l’on dit que la Chine fut un empire avec des successions dynastiques par exemple les Xia, les Shang, les Zhou, les Qin, les Han, les Sui, les Tang, les Song , les Liao, Les Xia de l’Ouest, les Jin, les Yuan (qui étaient en fait des Mongols qui ont pris ce nom pour qu’on les prenne pour une monnaie) , les Ming

Henri III

Henri III

et les Qing mais que en fait les empereurs ne s’appelaient pas I, II, III, IV,…..XIV ou même XV, ce qui ne fait vraiment pas sérieux. Nous avons, nous, et même les anglais, des successions dynastiques claires que les écoliers peuvent mémoriser: François Ier, Henri II, François II, Louis XII, Charles IX, Henri III …ça au moins ça coule…Autre raison qui prouve qu’il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire de la Chine, c’est que souvent, les dynasties ne se suivent pas: vous imaginez à peine la difficulté de l’écolier chinois à qui on dit que pendant les Zhou il y a « les Royaumes combattants«  et « le printemps automne«  le gamin attend l’hiver ou l’été et arrivent….. les Qin père et fils (comme les Sar…non, pardon) . Et les interruptions de ce type sont fréquentes: après les Han nous arrivent les Trois Royaumes ; à un certain moment, il y a même 16 Royaumes, un peu plus tard les dynasties du nord et celles du sudje vous passe la complication, il y a même un moment où ils ont inventé les cinq périodes et les dix royaumes. Comme à l’accoutumé certain diront qu’il faut savoir tout cela quand on fait collection de timbres philatéliques. Eh bien là, je vous arrête tout de suite, stoppez la mémorisation, il n’y avait pas de timbres postes de philatélie à ces époques. Donc concernant l’histoire que l’on dit (mais ça reste à prouver) plusieurs fois millénaire de ce pays, si vous êtes en train de lire des guides et que vous en êtes aux pages « Ce qu’il faut savoir de l’histoire de la Chine » par J.L. Domenach, passez au chapitre suivant, vous vous épargnerez un mal de tête. D’autant que, dans la croisière sur le Li Jiang (qui coule vers l’Est) personne vous parlera des dynasties anciennes dont la mention dans la bouche de l’étranger suscite toujours un sourire amusé des chinois qui se demandent pourquoi le diable de grand nez a été mettre son précisément grand nez dans cette bouillie incompréhensible.

Ça a été long, car je sens bien que c’est chez vous un noyau de résistance, mais suivez votre indolente pente naturelle et ne vous agacez pas les crocs avec l’histoire de la Chine.

Nous avons établi trois non savoirs utiles : la philosophie, la géographie et l’histoire chinoises.  geographie chinoise

Mais alors me direz vous que faut-il savoir pour partir voyager en Chine ? Nous sommes là pour en discuter ne nous énervons pas.

D’abord que la monnaie s’appelle le yuan. Ensuite qu’un centième de yuan c’est un fen, qu’un dixième de yuan c’est un jiao que la monnaie se dénomme génériquement ren min bi (c’est à dire  » la monnaie du peuple ») que l’euro est à peu près équivalent à 10 yuan (on va pas mettre de ’s’ pour donner l’impression qu’il n’y en a pas beaucoup) que l’étranger est un personnage assez fruste mais qui possède des yuan, que la carte de crédit de l’ami étranger lui permet d’obtenir des yuan à la banque, que l’ami étranger ne sait pas bien compter et que l’on peut lui faire prendre des yuan pour des lanternes que si l’étranger sait bien compter ce n’est plus un ami mais un calculateur.

Ensuite, et ce sera mon dernier mot, que l’ami étranger n’est pas chinois. Ce qui signifie en clair qu’il ne raisonne pas « standard » : ainsi l’ami étranger veut visiter des endroits où il n’y a pas beaucoup de monde, mais  faisant cela, il se prive d’aller dans les vrais lieux touristiques où il y a des magasins bien achalandés pour acheter en yuan  yuan 2des souvenirs à ramener à la famille ; l’ami étranger trouvera, comble de mauvais goût, que les vieux temples sont préférables aux temples neufs ou rénovés tout étincelants d’or et de dorure, dont les piliers sont rouges sang et où on peut acheter des CD de musique bouddhique avec des soutras qu’on peut écouter à la maison. Vous dire que l’ami étranger a des goûts d’étranger est quasiment un pléonasme. J’en citerai un dernier exemple : l’ami étranger, le matin, et même le midi boit du café au lieu d’avoir avec lui une petite bouteille thermos pleine d’eau chaude dans laquelle flottent quelques feuilles de thé, boisson savoureuse dont on peut s’abreuver au long de la journée, tout en crachotant des bouts de feuilles de thé autour de soi.

Voilà, amis étrangers, pardon ! camarades et amis voyageurs, je vous ai entretenus des savoirs qui ne vous seront pas nécessaires pour entreprendre notre voyage et de ceux qui vous sont, par contre,  indispensables.

Une réponse à “Ce que vous pouvez encore ignorer et ce que vous pouvez vous dispenser de savoir doit être au moins égal (en somme) à ce vous n’ignorez plus ou avez appris récemment concernant la Chine”

  1. etxet0 dit :

    A propos du vide, je fais cadeau au rédacteur de cette bonne chronique sur la Chine dans quelques aperçus historiques, philosophiques et géographiques, ces vers dont je lui laisse le soin de découvrir l’auteur. Une aide cependant : en dépit de leur esthétique profondément chinoise, ils ont été écrits en français.

    Non corps à corps
    Mais âme à âme
    N’annulant nullement chair et sang
    N’évacuant ni source ni flamme
    Laissant cependant circuler l’air
    La brume, la vapeur, éclair et tonnerre
    Bourrasque et averse, ardente déchirure…
    De la vallée du manque montent à présent
    Les choses par l’azur aspirées
    La lumière envahit tout l’intervalle
    Propageant haleine d’embruns et saveur d’algues
    Le lointain est l’envol des pétales
    Eperdus de vent
    Et le proche l’écho d’une louange
    Au nid éclaté

    Alors souffle le juste Vide médian
    Alors passe in-attendu, l’ange.